Le Nil Bleu, connu sous le nom d’Abay River en Éthiopie et an-Nīl al-ʾAzraqu en arabe, est un fleuve dont la source se trouve dans le lac Tana en Éthiopie. Il tire son nom de la couleur sombre de ses eaux, surtout pendant la saison des pluies, où il transporte une grande quantité de sédiments fertiles provenant des hautes terres d’Éthiopie.
Après avoir quitté le lac Tana, le Nil Bleu s’écoule vers le sud avant d’entrer dans un immense canyon de 400 km de long. Ce canyon, souvent comparé au Grand Canyon, représente une barrière majeure pour la communication et les voyages entre le nord et le sud de l’Éthiopie.
Le Nil Bleu compte plusieurs affluents en Éthiopie. Parmi les plus importants sur sa rive gauche, on compte le Wanqa, le Bashilo, le Walaqa, le Wanchet, le Jamma, le Muger, le Guder, l’Agwel, le Nedi, le Didessa et le Dabus. Sur sa rive droite, les affluents majeurs sont le Handassa, le Tul, l’Abaya, le Sade, le Tammi, le Cha, le Shita, le Suha, le Muga, le Gulla, le Temcha, le Bachat, le Katlan, le Jiba, le Chamoga, le Weter et le Beles.
II. La Beauté Naturelle du Nil Bleu en Éthiopie : Les Chutes Tis Abay
À proximité du début du canyon, on trouve l’une des plus grandes attractions touristiques de l’Éthiopie, les chutes du Nil Bleu, appelées Tis Abay, signifiant “grande fumée”. Ces chutes d’eau spectaculaires attirent des milliers de visiteurs chaque année et sont un symbole emblématique de la beauté naturelle de l’Éthiopie.
III. Le Nil Bleu en Soudan et son Rôle dans la Fertilité de la Vallée du Nil
A. Trajet au Soudan et Confluence avec le Nil Blanc
Après avoir traversé les gorges et canyons de l’Éthiopie, le Nil Bleu s’oriente vers le nord-ouest pour pénétrer au Soudan. Il y parcourt environ 650 km, passant par la ville d’Er Roseires et reçoit sur sa rive droite la rivière Dinder. Finalement, à Khartoum, le Nil Bleu rencontre son frère, le Nil Blanc, et ensemble, ils continuent leur voyage vers la Méditerranée en formant le Nil.
B. Saisonnalité et Apport en Eau
La saison des pluies, de juin à septembre, marque le pic du débit du Nil Bleu. Durant cette période, le fleuve fournit entre 80 et 86 % de l’eau du Nil. Le Nil Bleu est ainsi la principale source de crue du Nil en Égypte, contribuant à la fertilité de la vallée du Nil et à l’épanouissement de l’ancienne civilisation égyptienne.
IV. L’Exploitation du Nil Bleu : Barrages et Agriculture
A. Importance pour l’Économie du Soudan
Au Soudan, le Nil Bleu est une ressource essentielle pour l’irrigation et la production d’électricité. Le barrage de Roseires et celui de Sennar, par exemple, fournissent 80 % de l’électricité du pays. Ces barrages aident également à irriguer la région de la Gezira, connue pour sa production de coton de haute qualité, de blé et de fourrage.
B. Le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne
En novembre 2012, l’Éthiopie a commencé la construction du Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne, une centrale hydroélectrique de 6000 mégawatts sur le Nil Bleu. Prévu comme un moteur de l’économie éthiopienne, le barrage a néanmoins suscité des inquiétudes chez les pays en aval, le Soudan et l’Égypte, qui craignent une réduction de leur approvisionnement en eau. La mise en service de la centrale électrique a commencé en février 2022.
V. Exploration Historique du Nil Bleu
A. Les Pionniers Européens
L’histoire de l’exploration du Nil Bleu remonte à plusieurs siècles. Le premier Européen connu pour avoir vu le Nil Bleu en Éthiopie et sa source était un jésuite espagnol, Pedro Páez, qui atteint la source de la rivière le 21 avril 1618. Avant lui, le Portugais João Bermudes avait fourni la première description des chutes de Tis Abay (Nil Bleu) en 1565, mais il n’avait pas atteint la source. Plusieurs explorateurs européens ont envisagé de suivre le cours du Nil depuis la confluence du Nil Bleu avec le Nil Blanc jusqu’au lac Tana, mais le canyon du Nil Bleu a découragé toutes les tentatives depuis celle de Frédéric Cailliaud en 1821.
B. Les Expéditions du XXe Siècle
Au XXe siècle, l’exploration du Nil Bleu a été marquée par des expéditions importantes. L’une d’entre elles est celle menée en 1968 par une équipe de 60 soldats et scientifiques britanniques et éthiopiens, dirigée par l’explorateur John Blashford-Snell. À la demande de Haile Selassie, ils réalisent la première descente complète du fleuve depuis le lac Tana jusqu’à un point près de la frontière soudanaise. Plus tard, en 1999, l’écrivain Virginia Morell et la photographe Nevada Wier réalisent le voyage en radeau du lac Tana jusqu’au Soudan.
C. Les Explorateurs du XXIe Siècle
L’exploration du Nil Bleu continue au XXIe siècle. Le 28 avril 2004, le géologue Pasquale Scaturro et son partenaire, le kayakiste et documentariste Gordon Brown, sont devenus les premières personnes connues à naviguer sur le Nil Bleu dans son intégralité. Leur aventure est immortalisée dans le film “Mystery of the Nile” et dans un livre du même titre. Le 29 janvier 2005, le Canadien Les Jickling et son coéquipier néo-zélandais Mark Tanner ont réalisé la première traversée entièrement propulsée par l’homme de l’ensemble du Nil Bleu et du Nil en Soudan et en Égypte. Leur voyage de plus de 5 000 km a duré cinq mois, traversant l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte.
Le Nil Bleu, malgré son passé tumultueux d’exploration et de colonisation, continue de jouer un rôle crucial dans la vie des peuples qui vivent le long de ses rives. Du lac Tana en Éthiopie à sa confluence avec le Nil Blanc à Khartoum, le Nil Bleu reste une source d’eau vitale, une voie de transport et un symbole d’héritage culturel pour des millions de personnes.