Le Livre des Morts trouve ses racines dans les premiers textes funéraires, les Textes des Pyramides, utilisés pour la première fois dans la Pyramide du roi Ounas de la 5e dynastie, autour de 2400 avant J.-C. Ces textes étaient gravés sur les murs des chambres funéraires des pyramides et étaient exclusivement destinés à l’usage du pharaon (et, à partir de la 6e dynastie, de la reine). Ils avaient pour but d’aider le roi défunt à prendre sa place parmi les dieux, en particulier pour le réunir à son père divin Râ. A cette époque, l’au-delà était considéré comme se trouvant dans le ciel, plutôt que dans le monde souterrain décrit dans le Livre des Morts.
Les Textes des Cercueils
Au Moyen Empire, un nouveau texte funéraire émerge, les Textes des Cercueils. Ceux-ci utilisaient une version plus récente de la langue, introduisaient de nouveaux sorts et incluaient pour la première fois des illustrations. Les Textes des Cercueils étaient le plus souvent écrits sur les surfaces intérieures des cercueils, bien qu’on les trouve parfois sur les murs des tombeaux ou sur des papyrus. Ces textes étaient accessibles aux individus privés fortunés, augmentant considérablement le nombre de personnes qui pouvaient espérer participer à l’au-delà, un processus qui a été décrit comme la “démocratisation de l’au-delà”.
Le Livre des Morts : Premiers développements et généralisation
Le Livre des Morts a commencé à se développer à Thèbes vers le début de la Deuxième Période Intermédiaire, vers 1700 avant J.-C. Les plus anciennes occurrences connues des sorts inclus dans le Livre des Morts proviennent du cercueil de la reine Mentouhotep, de la 16e dynastie, où les nouveaux sorts étaient inclus parmi d’anciens textes connus des Textes des Pyramides et des Textes des Cercueils.
A partir de la 17e dynastie, le Livre des Morts est devenu courant non seulement pour les membres de la famille royale, mais aussi pour les courtisans et autres officiels. À cette époque, les sorts étaient généralement inscrits sur des linceuls de lin enveloppant les morts, bien qu’ils soient parfois trouvés écrits sur des cercueils ou sur des papyrus.
Le Nouvel Empire a vu le Livre des Morts se développer et se propager davantage. Le célèbre Sort 125, la ‘Pesée du Cœur’, est connu pour la première fois sous le règne de Hatchepsout et Thoutmosis III, vers 1475 avant J.-C. A partir de cette période, le Livre des Morts était généralement écrit sur un rouleau de papyrus, et le texte illustré avec des vignettes.
De la période du Nouvel Empire à l’époque ptolémaïque
Au cours de la 19ème dynastie, en particulier sous le règne de Ramsès II, le Livre des Morts atteint sa forme canonique. Des changements significatifs ont été apportés à la structure du texte et aux illustrations, ce qui a permis d’obtenir une version plus standardisée du Livre des Morts.
Cependant, durant la Troisième Période Intermédiaire (1070 à 664 av. J.-C.), le Livre des Morts commence à être remplacé par le Livre des Respirations, une version simplifiée des sorts et des rituels funéraires. Le Livre des Morts perd progressivement en popularité et son usage diminue au cours de la Basse Époque (664 à 332 av. J.-C.).
Enfin, durant la période ptolémaïque (332 à 30 av. J.-C.), le Livre des Morts est remplacé par les Textes des Sarcophages, plus courts et plus concentrés sur des rituels spécifiques.
Le contenu du Livre des Morts
Le Livre des Morts comprend environ 200 sorts, bien que tous les exemplaires ne contiennent pas tous les sorts et certains ont des sorts uniques. Les sorts comprennent des prières, des hymnes et des incantations destinés à guider le défunt à travers l’au-delà, y compris des instructions pour naviguer dans le monde souterrain, des conseils pour passer avec succès les jugements divins, et des moyens d’assurer une vie après la mort confortable et prospère.
Un aspect essentiel du Livre des Morts est le rituel de la Pesée du Cœur (Sort 125), où le cœur du défunt est pesé contre la plume de Maât, représentant la vérité et la justice. Si le cœur est plus lourd que la plume, il est dévoré par la déesse Ammout, mais si le cœur est léger, le défunt peut procéder à la vie après la mort.
Le Livre des Morts a eu un impact profond sur la culture et la religion égyptiennes et continue d’être un sujet d’étude important pour les égyptologues et les chercheurs en religion.
Le Livre des Morts a joué un rôle crucial dans la civilisation égyptienne antique en fournissant un guide pour l’au-delà. Son évolution et sa démocratisation au fil du temps ont permis à un plus grand nombre de personnes d’avoir accès à la vie après la mort, une croyance fondamentale de la religion égyptienne. Alors que le texte a changé et s’est développé à travers les différentes périodes de l’histoire égyptienne, son importance et son influence sur la culture égyptienne sont indéniables.