la Vallée des Rois. Située dans le désert de Thèbes, de l’autre côté du fleuve en face de l’actuelle Louxor, cette nécropole royale renferme les secrets et les mystères des pharaons qui régnèrent pendant le Nouvel Empire (1550-1077 av. J.-C.). Elle est le lieu de repos final de certains des souverains les plus puissants et influents de l’histoire égyptienne.
Mais avant que les archéologues ne découvrent ces tombes monumentales, la Vallée des Rois n’était qu’un vaste désert de rochers et de sable, soigneusement caché et protégé contre les pillards de tombes. Ce récit vous emmène non seulement à travers les siècles de gloire et de mystère de la vallée, mais également à travers les yeux des archéologues et explorateurs modernes qui ont dévoué leurs vies à sa découverte.
Le cadre mystique de la Vallée des Rois
Nichée entre les montagnes arides et rocheuses, la vallée est en grande partie invisible pour un œil non averti. Son emplacement n’est pas le fruit du hasard. Loin de la plaine où se trouvent les temples dédiés aux dieux, elle est protégée par la montagne thébaine, elle-même appelée “el-Qurn”, qui ressemble à une pyramide naturelle. Cette position stratégique, difficile d’accès, permettait de dissimuler les trésors et les dépouilles des rois, préservant ainsi leur repos éternel.
En ce lieu sacré, chaque tombe semble être un monde en soi. Les anciens architectes égyptiens ont su tirer parti des flancs escarpés de la montagne pour creuser d’immenses corridors et chambres funéraires dans la roche calcaire. Le style de ces tombes varie selon les dynasties, mais toutes témoignent du même objectif : garantir la vie éternelle aux pharaons, en les accompagnant d’objets personnels, de richesses inouïes et de scènes de vie quotidienne gravées dans la pierre, représentant leur voyage dans l’au-delà.
Les premières découvertes archéologiques
Le mystère de la Vallée des Rois n’a pas été résolu du jour au lendemain. Pendant des siècles, cette vallée secrète a été oubliée, ses entrées scellées par le vent et le sable du désert. Cependant, au début du XIXe siècle, des rumeurs commencèrent à circuler parmi les voyageurs et aventuriers européens, alimentées par les récits des habitants locaux qui parlaient de tombes cachées sous la montagne.
L’un des premiers explorateurs modernes à être fasciné par cette région fut Giovanni Battista Belzoni, un ancien artiste de cirque italien devenu égyptologue. En 1817, Belzoni pénétra dans la Vallée des Rois, où il découvrit la tombe de Séthi I, l’une des plus grandes et des plus décorées de toute la nécropole. Il raconta dans ses mémoires comment il avait dû lutter contre les éboulements et les étroits passages de la tombe, parfois rampants dans des galeries si basses qu’il devait se contorsionner pour avancer. « La lumière de ma lampe semblait vaciller comme si même la flamme était étouffée par le poids des siècles », écrivit-il dans son journal.
La découverte de la tombe de Toutankhamon
La découverte la plus célèbre, celle qui allait marquer à jamais l’histoire de l’archéologie, eut lieu plus de cent ans après les explorations de Belzoni. En 1922, l’archéologue britannique Howard Carter fit une découverte qui allait éblouir le monde : la tombe de Toutankhamon. Après des années de fouilles infructueuses, financées par son mécène Lord Carnarvon, Carter découvrit une petite tombe intacte, remplie de trésors inestimables et du sarcophage en or du jeune roi.
Le récit de Carter, tiré de ses journaux et lettres, plonge dans l’intensité de cette découverte. Le 4 novembre 1922, son équipe dégagea les premières marches menant à l’entrée de la tombe. La tension monta au fur et à mesure qu’ils creusaient, jusqu’à ce qu’ils atteignent une porte scellée. Derrière cette porte, des centaines d’années d’histoire les attendaient. Lorsque Carter fit un petit trou dans la porte et y passa une lampe, il raconta avoir été frappé d’admiration : « D’abord je ne vis rien, car l’air chaud sorti de la chambre fit vaciller la flamme. Mais à mesure que mes yeux s’habituaient à l’obscurité, je vis apparaître des formes étranges, des statues, des coffres, des objets d’une richesse incroyable, tout cela enveloppé dans un éclat d’or. »
Les trésors de Toutankhamon allaient changer la vision du monde sur l’Égypte ancienne. La richesse de la tombe montrait à quel point ces souverains étaient vénérés et l’importance qu’ils accordaient à l’au-delà.
Une architecture taillée dans la pierre
Le long des corridors des tombes royales de la Vallée des Rois, on peut lire l’histoire des croyances et des craintes des pharaons quant à l’au-delà. Les tombes sont souvent composées de plusieurs chambres successives, chacune dédiée à une étape spécifique du voyage vers l’éternité. À l’entrée, le corridor principal est parfois orné de scènes montrant le pharaon rendant hommage aux dieux. Puis viennent les chambres funéraires, dont les murs sont couverts de textes sacrés, comme le Livre des Morts, ou encore le Livre des Portes, un texte qui détaille les différentes étapes du voyage de l’âme dans l’au-delà.
L’architecture des tombes est ingénieusement adaptée à la géographie de la vallée. Les couloirs sont souvent étroits, mais peuvent s’étendre sur plusieurs dizaines de mètres, menant à des chambres hautes de plusieurs mètres. Ces salles sont sculptées à même la roche, avec un plafond parfois peint de bleu, parsemé d’étoiles dorées, représentant le ciel nocturne. Les murs sont décorés de bas-reliefs montrant des scènes complexes : des dieux à têtes d’animaux, des déesses protectrices, et bien sûr le pharaon lui-même, immortalisé dans son dernier voyage.
L’une des plus grandes merveilles architecturales de la vallée est la tombe de Ramsès VI. Son plafond astronomique, qui représente la déesse Nout en train de dévorer et de recréer le soleil à travers les heures de la nuit, est une œuvre d’art inestimable. Chaque détail est soigneusement conçu pour assurer la régénération du pharaon, lui permettant de renaître jour après jour aux côtés de Râ, le dieu solaire.
Les défis rencontrés par les archéologues
Explorer la Vallée des Rois n’a jamais été une tâche facile. Même les découvertes les plus marquantes ont souvent été précédées de désillusions et de dangers. Les tombes étaient souvent remplies de gravats, et parfois même d’eau, les inondations saisonnières causant d’énormes dégâts. Les archéologues risquaient leur vie à chaque fouille, l’effondrement des structures étant une menace constante. De plus, le climat impitoyable de la vallée ajoutait une difficulté supplémentaire : sous une chaleur torride, les fouilleurs devaient lutter contre la déshydratation, tandis que le sable brûlant et le vent pénétraient tout.
Parmi les témoignages les plus poignants figure celui de Theodore Davis, un autre explorateur américain qui, avant Howard Carter, avait mené des fouilles dans la vallée. Davis avait découvert plusieurs tombes royales, mais lorsqu’il s’arrêta en 1914, il déclara que la vallée avait “rendu tout ce qu’elle avait à offrir”. Sa déception fut immense lorsqu’il réalisa quelques années plus tard qu’il était passé si près de la tombe de Toutankhamon sans la trouver.
Un héritage éternel
Aujourd’hui, la Vallée des Rois continue de fasciner les égyptologues et les voyageurs du monde entier. Bien que la plupart des tombes aient été découvertes et que les trésors aient été enlevés, il reste encore de nombreuses énigmes à résoudre. Certaines tombes n’ont toujours pas été retrouvées, tandis que des indices, comme des fragments de murs peints ou des couloirs inachevés, laissent penser que la vallée pourrait encore réserver des surprises.
Les archéologues modernes, utilisant des techniques de pointe comme l’imagerie satellite ou la résonance magnétique, espèrent découvrir de nouvelles tombes, voire des chambres cachées dans les tombes déjà connues. La Vallée des Rois, qui a vu passer les siècles et résisté aux intempéries, continue de murmurer ses secrets aux passionnés de l’Égypte ancienne, invitant les générations futures à percer ses mystères.
En marchant aujourd’hui dans les couloirs frais et silencieux de ces tombeaux, on ne peut que ressentir une immense humilité devant l’ingéniosité des anciens égyptiens. Ces tombeaux, taillés dans la roche des montagnes, sont une forme d’immortalité en eux-mêmes, un rappel silencieux de la grandeur de ces rois et des croyances millénaires qui ont forgé leur civilisation. Et tandis que l’on contemple les bas-reliefs finement sculptés et les fresques colorées, il est difficile de ne pas entendre, au loin, l’écho des pas des archéologues qui ont ouvert la porte sur ce monde perdu.
La Vallée des Rois aujourd’hui
Aujourd’hui, la Vallée des Rois est un site touristique et un centre d’étude continue. Les archéologues de nombreux pays continuent d’explorer, et les restaurations minutieuses se poursuivent pour protéger les précieuses œuvres d’art qui tapissent les tombes. Des projets de conservation tentent de remédier aux dommages causés par des siècles d’exposition aux éléments, ainsi qu’à l’impact du tourisme de masse.
Pour les voyageurs, marcher sur les traces de Carter ou de Belzoni est une expérience inoubliable. Chaque tombe est une porte vers un autre monde, et même si les trésors d’or ont été déplacés dans des musées, les tombes elles-mêmes restent de véritables chefs-d’œuvre d’architecture, de foi et d’imagination.
Ainsi, la Vallée des Rois ne se résume pas à ses tombes ou à ses trésors. Elle est un témoignage vivant de l’ingéniosité humaine et de la quête immortelle de laisser une trace dans l’histoire. Une vallée où, sous les rayons aveuglants du soleil égyptien, l’esprit des rois anciens veille encore, entouré des légendes et des souvenirs du passé.
Tombes notables à visiter
Parmi les nombreuses tombes de la Vallée des Rois, certaines se distinguent par leur histoire, leur architecture ou leur décoration :
- Tombe de Toutankhamon (KV62) : La tombe de Toutankhamon, l’une des plus grandes découvertes archéologiques du XXe siècle, est célèbre pour les trésors inestimables qu’elle contenait, dont le masque funéraire en or massif du jeune pharaon.
- Tombe de Ramsès VI (KV9) : Cette tombe est remarquable pour ses peintures murales bien conservées, représentant des scènes du Livre des Portes et du Livre des Cavernes, ainsi que des portraits du pharaon Ramsès VI.
- Tombe de Horemheb (KV57) : La tombe de Horemheb, dernier pharaon de la 18e dynastie, présente des bas-reliefs finement sculptés et des peintures murales illustrant des scènes de la vie quotidienne et des rituels funéraires.
Températures moyennes et climat
Mois | (°C) | (°F) | Météo | Climat |
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Janvier | 15 | 59 | ☀️ | Sec |
Février | 17 | 63 | ☀️ | Sec |
Mars | 22 | 72 | ☀️ | Sec |
Avril | 28 | 82 | ☀️ | Sec |
Mai | 33 | 91 | ☀️ | Sec |
Juin | 36 | 97 | ☀️ | Sec |
Juillet | 37 | 99 | ☀️ | Sec |
Août | 37 | 99 | ☀️ | Sec |
Septembre | 34 | 93 | ☀️ | Sec |
Octobre | 30 | 86 | ☀️ | Sec |
Novembre | 24 | 75 | ☀️ | Sec |
Décembre | 18 | 64 | ☀️ | Sec |
Horaires et infos
Horaires d’ouverture : de 6h00 à 17h00 (peut varier selon la saison)
Tarif de l’entrée : 240 EGP pour l’entrée générale (comprend l’accès à 3 tombes)
Tarif moyen d’un guide : 250 à 350 EGP
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